éditions alidades

Idea Vilariño (1920-1989)

Poèmes d'amour
Poemas de Amor (édition de 1958)

Poèmes traduits de l'espagnol (Uruguay) et présentés par Marilyne Buda.
Bilingue, Alidades, 2025,
12,5 x 21 cm, 40 pages, 6,00 euros.
ISBN 978-2-494935-10-5

Professeure, traductrice, essayiste et parolière, la poétesse uruguayenne Idea Vilariño (1920-2009) est l’une des voix les plus singulières et les plus reconnues de la poésie en langue espagnole du siècle dernier. Dotée de multiples talents (elle joue du piano, du violon, possède l’oreille absolue), elle s’oriente dès son plus jeune âge vers la poésie, le plus musical des genres littéraires. Idea Vilariño appartient à la Generación del 45, un groupe d’écrivains, critiques et éditeurs – parmi lesquels Ida Vitale ou Mario Benedetti – qui eurent une influence déterminante sur l’identité intellectuelle uruguayenne, sur le plan culturel mais aussi social et politique. Malgré une présence discrète dans les médias et son peu d’entrain pour la promotion de son œuvre, le verbe d’Idea Vilariño a su toucher de nombreux lecteurs, y compris en dehors des frontières latino-américaines. Ses poèmes ont été traduits en plusieurs langues dont l’anglais, l’allemand, le portugais, l’italien ou le grec. Il existe en France, en plus de ce recueil, une traduction de son Ultime anthologie (Éditions La Barque, 2017). La poésie d’Idea Vilariño, profondément marquée par des tragédies personnelles et une maladie lancinante, se caractérise par la répétition de certains thèmes, tels que la solitude voulue ou imposée, le doute ontologique, la mort, l’amour et le désamour, l’engagement. Pour elle, la poésie est lieu de vérité. «Je veux dire ceci : tout ce que j’ai exprimé dans des poèmes, tout ce qui est allé dans le cahier de poésies, est la seule chose que j’ai vraiment vécue», souligne-t-elle dans son Diario de juventud, affirmant plus tard n’avoir «jamais menti dans un poème».
Loin de tomber dans l’écueil de la sensiblerie que pourrait supposer une poésie de l’amour et du désamour, les vers d’Idea Vilariño, brefs, entrecoupés, sont d’une violence nue et désenchantée, et semblent refléter un dialogue ininterrompu entre un «je» blessé et un «tu» inatteignable.

Poemas de amor fut publié pour la première fois en 1957 dans une édition manuscrite en fac-similé, aujourd’hui introuvable : numérotés en chiffres romains, dix poèmes sont tracés sur vingt feuilles volantes, dans une chemise en carton noir. C’est la deuxième édition de 1958, identique à la première, que nous proposons : plus qu’à un livre, elle nous donne accès à une correspondance intime, où des mots écrits avec soin dans une langue étrangère deviennent immédiatement nôtres.

Extrait :

(...)
“C’est un homme quelconque
c’est un monsieur
un passager de bus
un gars dans le café
un étranger chez lui
un client de ce salon de coiffure
un voisin de quartier
un lecteur des journaux du soir
et spectateur de cinéma
et auditeur de radio
vaquant dix heures durant
déjeunant à midi
se souvenant parlant
s’amourachant
acceptant cherchant
des choses qu’il n’avoue pas.
Quelqu’un qui est lui
qui est lui
quelqu’un qui me connaît
et qui sait que je sais
que sa vie n’est pas lui
ni moi la mienne.”