Pat Boran
L'ŒIL DU COCHON / THE PIG'S EYE
alidades 2021,
collection Irlande 21",
12,5 x 21 cm, 48 pages, 6,00 €, ISBN 978-2-919376-80-3
Poèmes traduits par Emmanuel Malherbet. Bilingue.
Pat Boran, né en 1963 à Portloise, vit à Dublin où il dirige les éditions Dedalus Press. Auteur d’une douzaine de livres, poésie, prose, essais, il est traduit en de nombreuses langues, notamment en hongrois, en macédonien et en italien. Les prix Patrick Kavanagh (1989) et Lawrence O’Shaughnessy (2008) lui ont été décernés. Il a dirigé la Poetry Ireland Review et présenté The Poetry Programme sur R.T.É. Radio I. Il est membre d’Aosdána, académie de promotion des arts en Irlande.
La poésie de Pat Boran embrasse la proximité des choses et des êtres, s'en approche tranquillement pour l'engager dans l'intensité méditative d'une pensée éminemment intime. L'écriture se déploie dans un double mouvement d'approche et d'éloignement, dans une sorte de prise de hauteur ou de profondeur de champ à même de recueillir la part essentielle d'émotion que portent, sans qu'en général on y prête attention, les situations les plus ordinaires, comme peuvent l'être la présence d'une fontaine dans une rue parisienne, l'attente à un passage à niveau ou à un arrêt de bus.
Ces poèmes sont aussi bien ceux de la continuité, de la présence au temps, très souvent habités de la remémoration d'un passé plus ou moins lointain dont les éléments conservés, comme des points d'origine, construisent le sentiment d'être et la forte sensation d'exister.
De toute évidence, les poèmes de Pat Boran sont des capteurs d'émotion et de sens, comme de petites paraboles vers lesquelles viennent converger les ondes invisibles du réel, qui s'en trouvent révélées. Cette écriture n'est jamais en extériorité ; il y a à son principe ce que l'on pourrait appeler l'attention, et aussi la discrétion, c'est-à-dire une forme d'étonnement que le poème vient cristalliser, en dehors cependant de toute pétrification.
Extrait :
“(...) Le troisième, ce voisin
qui rejoignait de ci de là la famille paternelle
pour cette fête de la tête de cochon bouillie
et qui chantait – mon père aimait bien le rappeler –
«Donnez-moi l’œil, car c’est l’œil que j’aime».
Tous, bien sûr, ont aujourd’hui disparu,
à moitié flous et anonymes, l’un confondu
à l’autre dans la fumée de tourbe des souvenirs d’enfant.
Tous avaient en commun la même ténacité, le même
humour à toute épreuve. Ils me rejoignent
parfois la nuit, quand tout a été dit.”
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