anonyme
Chants
populaires de la vallée de Noto
I - Amour
& Jalousie
bilingue, traduit
du sicilien par Jean-François Patricola.
alidades 2000,
collection Le Chant, 12,5 x 21 cm, cahier, 36 pages,
4,80 , ISBN 978-2-906266-36-0
Réunis au dix-neuvième
siècle par Corrado Avolio, les chants populaires de la région
de Noto sont lexpression dune poésie de cour dans un
langage de tous les jours. Paroles du rémouleur, de la
blanchisseuse, du charretier ou du réparateur dassiettes,
sans fioritures ni recherches sibyllines, offrant dans toute leur
simplicité quelquefois un peu rude lauthentique poésie de
la vie dans ce quelle a de quotidien et de grand. Nul doute
que ces chants, qui navaient jamais été traduits en
français, et qui sont tout aussi méconnus en Sicile, ont
accompagné et rythmé les gestes ordinaires du travail et de la
marche, tout en ouvrant lhorizon du rêve, de lespoir
et de lenthousiasme ; en un mot, tout en créant cette part
de simple beauté dont tout un chacun a besoin pour avancer dans
le cours des jours.
Extrait :
Les dents sont perles et les
lèvres rubis ;
Les joues, de belles jeunes filles ;
Les petites mamelles, abricots de Damas .
La bouche est dor, enchanteresses les tresses.
Si toutes les veines me percez
Du sang, pas même une goutte ne trouverez ;
Et, sans avoir ni manicle ni chaïne,
Vous rendez mes sens enchaînés.
*
Peu importe, mon
amour, si tu es nabot,
Que ta présence soit celle dun Chevalier.
Tu ressembles à un arbre riche en fruits ;
Et ce que tu mets, tout te va bien.
Lorsque tu passes par ici, tu tournes tomate ;
Tire ton mouchoir et tu entretiendras ta famille.
On me la dit que tu es tout beau ;
Moi je te veux du bien pour tes manières gentilles.
*
Qui ne connaît pas la
jalousie nest pas amant.
Moi je suis assez jaloux de toi.
Moi en amour, je suis extravagant,
Que je souffre si quelquun te regarde.
Vois combien sont grandes mes peurs!
Jai peur même de mon ombre.
Et si loin va mon sentiment,
Que jéprouve de la jalousie pour le Soleil.
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