Hart Crane
Key West, une
gerbe dîles
bilingue, traduit
de laméricain par Pierre Mréjen et Jean-Marc Sens.
alidades 1988, collection bilingues,
14,5 x 22,5 cm,
broché, 56 pages, 11,00 , ISBN 978-2-906266-05-6
Les keys ou cays sont cet arrangement dîles à
lextrême pointe de la Floride, trait dunion entre le
continent civilisé et celui, primitif,
où trouvent leur plein épanouissement les forces magiques de la
nature et de lhomme. Dun poème à lautre,
comme dune île à lautre, nous explorons tous les
âges de lhistoire...
Crane, comme
Yeats, Conrad, Virginia Woolf, Eliot ou Joyce, est au centre de
ce quil conviendra dappeler le Modernisme.
Key West est le dernier recueil achevé quil
sapprêtait à publier avant son suicide dans le Mer des
Caraïbes le 27 avril 1932. Il forme une sorte de point
dorgue à son uvre, riche et fluide, faisant de la
langue un usage hardi, jouant de la plus grande polysémie tout
en maintenant lexigence dune extrême rigueur
poétique.
«On relira
avec une fascination mêlée à la vraie terreur du beau que
seuls certains chefs-duvre procurent ces poèmes
assez brefs, qui abandonnant lidée du long
poème, laissent ainsi mieux chanter la veine lyrique que
la tentative (discutable par endroits) de créer avec Le
Pont une épopée américaine.» Jean-Michel Rabaté, La
Quinzaine Littéraire, n°526.
Extrait :
Au
Jongleur de Nuages
In Memoriam : Harry Crosby
Ce que
tu peux réunir autour des genoux de lespace
À peine le voyons-nous, sollicitant la trace
De lieux où falaise, mer et palmiers hâtent
La splendeur déclinante dune transe de
larc-en-ciel.
Ta
lumière élève la pâleur à lazur virginal...
Déclos tes lèvres, ô Soleil ; et nhésite plus
Avec ce ronflement de tonnerre, nous pressant
jusquà saigner
La verte préemption de lalgue profonde.
Toi,
offrant le rhum pour cette glissade nocturne,
Suprême amant de la lune, guide-nous par magie
Quart après quart jusquaux fidèles
sûrement passé en fraude
Comme tu élèves des temples neufs de lécume qui
se prélasse.
Dénonce
les certitudes vaniteuses qui baîllent
Aux aimables bavardages... Affirme laube mûrie
Comme tu as produit balcons, chambres
Ou tempêtes dans largent dun léger
panache.
Enveloppe-nous
; soulève-nous, lâche-nous enfin, retournés
Comme leau, intacts comme la brume,
inconsummés...
Mais ne prétend plus jamais à un tel ami
Dont la flèche dut te percer par-delà toute douleur.
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