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alain saey
albertine

 

 

Jean-François Patricola

Siciles

alidades 1997, collection ’Création’,
14,5 x 21 cm, 36 pages, 4,80 €, ISBN 978-2-906266-22-3

Une méditation sur les hommes, l’histoire, les lieux, les gestes et les rites de la Sicile, qui se dévoile ici hors des clichés généralement admis, dans toute l’émouvante simplicité et la rudesse d'une terre dont la destinée fait figure de mythe.

Jean-François Patricola fait preuve dans ce premier recueil d’une grande sensibilité poétique ; d’emblée la qualité de son écriture révèle une voix aux accents tout personnels et libres du souci de l’imitation. Jean-François Patricola a été le fondateur et l'un des animateurs de la très vivante revue “L’Estocade”.
Il a depuis publié diverses œuvres : traductions, proses, essais, poèmes.

Extrait :

L’île blanche

Le long du sentier escarpé, la mule bâtée grimpe.
La tirant par la bride, Turiddü ahanne à ses côtés.
Le torrent évanoui, en cette saison, a livré ses galets blancs.

Une demi-journée sera nécessaire pour regagner le four,
y porter ces pierres aux courbes arrondies, en faire de la chaux.

Tout est blanc en Sicile.
Les parois épaisses des demeures aux faîtes de bambous.
Les troncs déjà mûrs des jeunes arbres qu’on plante.
Les visages de ceux, qui dans une même communion,
prient et travaillent.
Les saints. Et le drap des linceuls.
Tout est blanc en Sicile.
Les salines où le regard s’aveugle.
L’air, poussière des galets broyés au moulin et fondus au four, aussi.

La mule étouffe un râle, on la décharge.
Turiddü vide sa besace, un gros galet arraché au torrent,
puis rejoint les aspérités de la colline pour
un second et ultime voyage au torrent silencieux.

Tout est blanc en Sicile.
L’écume des flots les soirs de colère,
la nuit livide et craintive d’un lendemain,
les galets des torrents et la mariée dont la dot est riche.
Tout est blanc en Sicile. Tout est blanc.

 

 


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