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Michele Zaffarano

Cinq textes y compris les arbres (plus un) / Cinque testi tra cui gli alberi (più uno)

Traduit de l'italien par Olivier Favier. Postface de Carlo Bordini.

alidades, collection ’Bilingues’,
12,5 x 21 cm, 44 pages, cahier, 5,70 €, ISBN 978-2-919376-38-4


REGARDEZ

Michele Zaffarano décrit le monde comme le ferait un martien arrivé par hasard sur Terre. Il dirait: les humains ont deux jambes, deux bras et une tête. Il dirait cela parce que les martiens n’ont jamais vu d’humains et que cette nouvelle pour eux est importante. Michele Zaffarano fait la même chose, et il feint d’être un martien. Peut-être est-il un martien. Autrement dit, peut-être se considère-t-il à ce point étranger à ce monde qu’il l’observe comme s’il n’y était pour rien. Et peut-être que le problème est le suivant: Michele ne veut pas avoir quelque chose à voir avec ce monde. Il le regarde de l’extérieur. Entendons-nous: ceci n’est pas une critique sociale: c’est le manifeste d’une parfaite non-appartenance. Étant donné que la connaissance du monde est basée sur une suite de convictions consolidées, sur des lieux communs acceptés de tous au point que personne ne s’en rende plus compte, Michele les répète: les arbres sont des arbres. Mais les arbres sont-ils vraiment des arbres? Tel est le sens de la poésie de Zaffarano. Une critique du langage. La répétition moqueuse d’une série de convictions que nous avons tous dans le cerveau sans avoir besoin d’y penser. Et Zaffarano essaie de nous y faire penser. Mais est-il vrai qu’un arbre est un arbre? (...)
Derrière l’apparente simplicité de Zaffarano, derrière ses balbutiements infantiles, derrière ses répétitions d’images déjà vues des milliers de fois, il y a le désir de nous apprendreà voir. Et au fond, il se comporte comme un enfant qui voit le monde pour la première fois et découvre que les arbres sont des arbres. Les enfants, comme le martien, comme Zaffarano, ont besoin de découvrir le monde. Et comme des enfants ils aident les adultes à voir des choses qu’ils voyaient depuis des dizaines d’années et qu’ils voyaient sans plus s’en rendre compte, parce que l’enfant découvre le monde et le transmet aux adultes, Zaffarano nous transmet cette conscience ou cet avertissement: regardez. (...)

Carlo Bordini

 

extraits :

“(...) Les tulipes aussi
expriment des messages différents
selon la couleur,
les tulipes rouges
signifient
crois-moi
les tulipes rouges reviennent
pratiquement
à des déclarations d’amour,
les tulipes multicolores
signifient
tu as de très beaux yeux,
les tulipes jaunes signifient
il y a le soleil dans ton sourire.
Les coquelicots
sont associés
à la magie
mais aussi à la fertilité
à la vie éternelle,
dans l’imaginaire populaire
les coquelicots
symbolisent
le repos éternel
des soldats
morts à la guerre.
(Une des images
les plus tristes
associées aux étendues
de coquelicots
sont les champs de bataille
de la première guerre
mondiale.) (...)”

Les fleurs

*

(...) le printemps
désigne toutefois
aussi
beaucoup d’autres choses
comme le fait de sauter
ou bien comme lorsque
quelque chose se déclenche
brusquement.
Dans quelques langues
en tant que verbe
le mot décrit
un mouvement soudain
un mouvement très
très rapide.
Dans quelques langues
le mot qui sert
pour signifier
le printemps
désigne
aussi
les sources d’eau.
Rapportons quelques exemples
de phrases
dans d’autres langues
qui contiennent
ces mots:
La serrure a sauté
et elle s’est ouverte,
Je dois changer
le ressort
du lave-vaisselle,
Ils ont trouvé
une source
d’eau.

Le printemps

 



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