Née en 1980 à Nantes, Adeline Olivier y a étudié au Conservatoire d'art dramatique, puis à Cannes et Marseille, dans une école nationale de théâtre. Elle anime des ateliers d’écriture, de lecture et de jeu. Parallèlement, elle s’est formée sur le terrain, en Seine-Saint-Denis, au métier d’éducatrice spécialisée. Elle travaille aujourd’hui au sein d’un service de pédopsychiatrie, dans les Hauts-de-Seine. Et poursuit la création de Silences enfances, projet performatif autour des violences faites aux enfants. Elle a publié en 2011 Pan de muraille aux éditions Alidades.
Feue la maison source
Blesse blanc le silence
Alidades, 2020,
12,5 x 21 cm, 40 pages, 6,00 €
ISBN 978-2-919376-77-3
Le poème est, dans le resserrement et l’échappée des mots, dans la respiration et le halètement, l’approche de ce point toujours précaire et fuyant où le flux de la conscience vient se cristalliser dans la matérialité concrète des choses graves de l’existence. Qu’il s’agisse de l’expérience du deuil ou de la reconstruction de l’enfance dévastée, les mots doivent “faire” leur chemin, forcer le passage au dire pour que vivre soit enfin et simplement possible. À cela parviennent ces deux suites poétiques d’Adeline Olivier.
Extrait :
Est-il si tard
Que plus jamais je ne reverrai
La maison de ma mère
Dedans exsangue
Car il n’y a plus rien de ma mère
Dans la maison de ma mère
Et vendue – demain
La vie
Chant d’une autre mère pour une autre enfant
Par les volets ouverts
Je viendrai écouter
L’été
(Feue la maison source)
Ce que l’eau cherche dans une flaque et dans l’autre
C’est peut-être un corps – présent – au présent
L’ancien enfant aurait
Archivé – le temps-trou des débris
Il aurait un corps – solide
*
L’arbre – le fruit
Toutes les résistances ensemble
Font l’hiver encore
En tête
Un enfant n’a pas de mouvement
Qui lui appartienne –
Pourtant – comme si de rien – il se conforme
(Blesse blanc le silence)
Alidades, 2011, Pan de muraille est le premier recueil publié d'Adeline Olivier. L'écriture en est extrêmement tendue, toujours pudique ; ciselée, acérée, elle sait dire l'intime sans l'étaler. Le travail sur le rythme est primordial : le souffle est celui d'une respiration saccadée, porteuse de ces paroles qui éclosent sur le silence sans jamais le briser. De toute évidence, cette prise de parole d'une jeune auteure est du meilleur augure. Extrait :
Et le soleil en hiver qui ne se tait pas
Pan de muraille
Postface de Jacques Ancet
12,5 x 21 cm, 36 pages, 5,00 €
ISBN 978-2-919376-03-2
"La voix qui parle ici est comme un ruisseau – elle est ce ruisseau, tantôt sauvage, violent, tantôt immobile, obscur, tantôt léger, miroitant. Qui vous prend, vous emporte et vous laisse, dans la stupeur et l’élan des choses qui commencent." Jacques Ancet
Et ma main qui pense et ne couche un trait
Hier dure
Une pierre obstrue le ruisseau de mon cerveau
Inonde une image qui parque toute l’eau
Mon savoir mon cœur touché
En mille lieux qui battent et je ne me connais plus
Qu’un instant
L’automne déjà
Ce que j’appelais vivre – j’ai oublié
Relâcher – il faut continuer