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Mauro Fabi

Le domaine des morts / Il dominio dei morti

Tous ces gens qui meurent / Tutta questa gente che muore

Le domaine des morts / Il dominio dei morti

Suivi de La poésie et la vérité.
Préface de Carlo Bordini.

P
alidades, collection ’Bilingues’, traduction d'Olivier Favier.
12,5 x 21 cm, 40 pages, cahier, 5,00 €, ISBN 978-2-906266-95-7

"Mauro Fabi, en plus d’être, pour l’auteur de ce texte, un des meilleurs poètes de l’Italie contemporaine, est un poète pensif, noblement pensif." Carlo Bordini.

Mauro Fabi est né à Rome en 1959 où il vit aujourd’hui. Il collabore à L’Unità et au Monde diplomatique. Responsable des pages culturelles de Conquiste del lavoro, il a publié deux romans, La meta di Luan (Mursia, Milan, 2000) et Il pontile (Nottetempo, Rome, 2006), le second en partie inspiré par l’esthétique du roman noir et les techniques de Truman Capote. Il est l’auteur de deux recueils de poèmes, Il motore di vetro (Palomar, Bari, 2004), qui l’a imposé à l’attention de la critique, et Fiori in pericolo (Avagliano, Rome, 2007). Des extraits d’Il motore di vetro ont paru dans le numéro de septembre 2008 de la revue Décharge, avec d’autres poèmes de Carlo Bordini et d’Andrea di Consoli.

Le domaine des morts est extrait de La consolazione, troisième recueil à paraître en italien.

Extrait :

Les mots sont morts-nés ils sont l’ombre de l’homme
qui marche à leur côté faiblement fidèlement
ils ont une [vie] pleine de lascivité parce qu’ils
veulent séduire et en cela réside le fait qu’ils soient
morts
(comme nés d’une terre brûlée);

les mots font l’amour avec d’autres mots ils ont
leurs histoires à eux que nous ne pouvons pas comprendre
ils sont si fragiles ils ont besoin de soins
comme un nouveau-né agité par des convulsions
dans une couveuse.

Les mots savent que tout ce qu’ils représentent est feint
artificiel bloqué une sorte de parodie émouvante
un monde qui n’existe pas et donc
ils ont conscience du total manque de vie
qui les soutient les alimente

dans le jardin des vers.

 

 


Tous ces gens qui meurent / Tutta questa gente che muore

Postface d'Emmanuel Malherbet.

P
alidades, collection ’Bilingues’, traduction d'Olivier Favier.
12,5 x 21 cm, 48 pages, cahier, 5,70 €, ISBN 978-2-919376-15-5

Ce qui compte, c’est la musique de la parole poétique lorsqu’elle trouve le chemin qui l’accorde aux thèmes qu’elle porte. La maladie, la mort, le vieillissement (réel et fantasmé), le sentiment toujours plus prégnant de l’à-quoi-bon, ont leur musique dans ce monde où chacun s’arrange d’eux comme il peut. On ne chante pas ces choses-là ; il serait vain de les revêtir des oripeaux tout prêts d’une esthétique de routine. On ne chante pas ces choses, on les dit, on les serre dans les mots qui viennent à leur convenir. C’est à cette condition que le poème approche intensément du vrai, y compris dans ce qu’il comporte de brutal, de banal, et donc d’insupportable ou de désolant. Mauro Fabi instaure, ou restaure, ce parti d’une parole poétique libérée de la préoccupation du beau (qui a jamais su ce que c’était ?), de l’élégance calculée et de l’effet ne visant que son propre scintillement. Si musique il y a, c’est alors celle d’une parole lestée d’expérience qui embrasse frontalement cette matière bancale de vie que nous sommes et dans quoi nous nous débattons. Comment, forcément, ne pas entendre ?

Tous ces gens qui meurent est inédit en italien.

Extrait :

La vieille maison au bord de la mer

Je rêve souvent à ma vieille maison au bord de la mer,
la maison aux murs orangés
toute pleine de vers et de blattes,
toute pleine de lumière.

Je rêve d’y habiter mais comme un intrus,
quelqu’un qui n’en a plus le droit,
parce que les années ont passé et que désormais
d’un moment à l’autre ils pourraient rentrer
les nouveaux locataires.

Je rêve même que c’est mon père qui l’habite,
l’homme aux manières gracieuses d’autrefois.
Je le vois qui s’assoit sur mon fauteuil
la télécommande à la main,
mais la télévision est éteinte et lui,
il regarde d’un autre côté.

Dans le rêve nous nous aimons
mais nous savons que nous sommes arrivés trop tard,
que la maison n’existe plus
et que nous aussi au fond nous sommes deux fantômes.

 



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