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Collectif
Le Bâton de
Cèdre
anthologie bilingue de la
poésie contemporaine de Sibérie orientale
textes choisis par
Andreï Roumiantsev et Christian Mouze.
traductions de Christian Mouze, préface dEmmanuel Malherbet.
alidades &
eurcasia 1999, collection Petite Bibliohèque Russe,
15 x 22 cm, broché, 160 pages, 18,50 , ISBN 978-2-906266-34-6
table
:
• première
partie : Sibérie, vision russe
• Boris
Sloutski
Les idéalistes dans la
toundra
• Nikolaï
Kliouev
Le poète
Jaime les campements tziganes...
Soir
• Alexandre
Tvardovski
Les feux de Sibérie
• deuxième
partie : poésie contemporaine de Sibérie orientale
• Mikhaïl
Trofimov
Jai grandi en joyeux
polisson...
Nuages
Sous notre pin secret...
Héritage
Écrit sur une pierre
• Rostislav
Filipov
Je lis la Bible, mes amis...
Le livre. Le destin. Et le livre...
À la fenêtre du wagon...
Quest-ce qui est resté...
Quest-ce donc ? Quoi ?...
• Andreï
Roumiantsev
Russie
Le temps en appelle à la bonté
Un mot sur les froids de Sibérie...
Pas encore des monts...
• Alexandre
Sokolnikov
Japprendrai / la langue
des oiseaux...
À quel propos neige...
Au Japon tombe la neige
Neige
Les arbres nus...
Avec leurs traîneaux...
Pieds nus comme létoile...
Hier mon regard...
O, voir au moins une fois...
Le papillon sest posé sur mon dos...
Calmes, calmes...
Depuis longtemps...
Je rends grâce à lautomne...
Mon ami...
Jour clair
• Anatoli
Gorbounov
Village silencieux
Loriot
Léna
Le bouleau
Lien
• Tatiana
Sourovtseva
Lhomme dort contre notre
feu...
Le ciel au-dessus du Baïkal...
Je vivais bien dans cet hiver
Les nuits daoût dans les monts de Sibérie...
• Mikhaïl
Vichniakov
Iras-tu dans le champ...
Bâton de cèdre
Cest loccasion...
À lheure de la colère...
Ton père, sapprêtant au départ...
Jétais mécontent de moi...
Et dans ma vie après le mauvais temps...
• Grigori
Vikrov
Malheur aveugle, malheur
russe...
Temps présent, féroce mégère...
Et ce temps non rassasié...
Lettre à un ami
Amis
Chanson
Déchirant le mélodieux, doux mensonge...
Rivière sans bruit
Au-dessus de la couche du jeune berger...
Quand les gens de mon âge...
extraits de la préface
:
Sibérie : il importe peu
quon ne sache, dans la proximité de la Chine, et regardant
vers le Japon, très bien la situer sur un atlas, le mot résonne
à nos oreilles, porteur dune série dévocations
auxquelles il est difficile déchapper ; dabord le
froid, un froid intense et comme sil était permanent,
répandu dans la pénombre sans fin détendues glacées ;
puis, au sein de ce froid, les camps du stalinisme, comme
sils avaient été jetés là dans le grand vide dun
désert humain et blanc, à peine clairsemé de quelques grises
et tristes isbas autour desquelles rien ne paraît bouger. Les
images ont la peau dure et limagination sarrange vite
des simplifications! Tout comme la Russie est européenne mais
orientale, la Sibérie est russe, tout en ne létant pas
vraiment parce quelle lest à sa façon. Cest
sans doute pourquoi cette terre de relégation, et paradoxalement
dasile aussi, a toujours fasciné les écrivains russes,
qui en ont ressenti létrangeté, les particularités.
Aussi cet ouvrage nous aurait-il semblé incomplet sans la
présence décrivains dont luvre ou le destin
entretiennent avec la Sibérie un lien fort. Nous avons retenu
trois auteurs, auxquels est consacrée la première partie de
cette anthologie, sous le titre Sibérie, vision russe :
Boris Sloutski, Nikolaï Kliouev, Alexandre Tvardovski.La deuxième partie de ce
recueil regroupe des textes de sept auteurs vivant et écrivant
aujourdhui en Sibérie orientale, cest-à-dire dans
la région du lac Baïkal, plus précisément dans la région
dIrkoutsk ; le plus âgé est né en 1936, le plus jeune en
1961. Si les thèmes que nous avons voulu indiquer dans la
première partie, notamment celui de la relégation et de
lexil, paraissent absents de leur écriture, il reste que
de temps en temps ils affleurent. Tous ces écrivains, chacun à
sa manière, cherchent à dire on objectera que cest
le lot de tous les écrivains la réalité qui est
la leur, autrement dit, la réalité sibérienne, dans ce
quelle a de plus élémentaire et de plus proche. On ne
sétonnera alors pas de lomniprésence des
évocations de la nature : ciel, oiseaux, nuits, neige, arbres,
animaux de toutes espèces, etc... Il ne faut pas sy
tromper, il ny a pas là une inspiration "écolo"
au sens péjoratif que reçoit le vocable amputé de sa dernière
syllabe, ni la culture dun imaginaire paysan.
Manifestement, ces écrivains prennent en charge la spécificité
dun monde quils vivent réellement comme étant le
leur : ils y sont nés, ils y vivent, et leur regard ne surplombe
plus la Sibérie à la façon dun regard étranger mais est
bien "de lintérieur", apte ainsi à déceler la
singularité de traits dune expérience existentielle
puisant son aliment à des sources différentes. Car la région
(et cest en superficie plus de vingt-trois fois la France)
qui habite ces poèmes est le lieu dune symbiose culturelle
: traditions occidentales, héritage spécifiquement russe,
traditions bouriates, fortes influences extrême orientales,
chamanisme, sy côtoient de la manière la plus pacifique
et la plus fertile. La référence permanente à la nature,
lévocation constante de la place de lhomme en son
sein, sur le mode dune sincère humilité, ouvrent au
lecteur le relief et les accidents dun pays, non plus objet
dune parole épique comme chez Tvardovski, mais dun
dire attentif à faire saillir le grain intime du réel :
"Il est bon de nager / Déloigner tête et
cur / Du jour qui sest tu, / De rester étendu / Sur
des branches de saule." (A. Gorbounov) ; "Soudain
réveillé / Je vis / Comme le matin portait / Des brassées de
lumières jaunes, / Comme autrefois, / Réchauffées par notre
souffle, / Des brassées de jeunes pissenlits." (A.
Sokolnikov). À lire certains de ces poèmes, on ne peut
quêtre frappé de la parenté quils entretiennent
avec la tradition poétique japonaise et chinoise, tout comme, à
lopposé, lécriture de Tvardovski peut être
rapprochée, du moins dans son projet de celle du Hart Crane de The
Bridge.Il nest pourtant pas
question pour ces écrivains dun repli sur soi qui serait
un enfermement : encore une fois apparaît ce qui vu de Russie
est de lordre de lévidence ; lattachement à
une région nest pas forcément de lordre de la
rupture avec ce que lon pourrait appeler le sentiment
dappartenance russe. Les bouleversements considérables des
dernières décennies (et au-delà sans doute ceux de ce siècle)
sont matière à la réflexion poétique ; et le présent, le dur
présent bien souvent ("Temps présent féroce
mégère", dit Vikrov, ou encore "Malheur aveugle,
malheur russe ") se tient là dans ces poèmes pris
entre létouffant passé et lavenir à construire.
Ainsi en est-il du poème dAndreï Roumiantsev intitulé Russie : "De nouveau tes chemins de ronces / Et, annonçant un
temps de troubles, / Partout des aventuriers / Font serment de te
sauver." De la même façon que la Sibérie a nourri les
préoccupations des écrivains de Russie, il apparaît que les
écrivains de Sibérie ne peuvent se désolidariser de leur réalité russe.Quoi quil en soit, nous
sommes fiers de présenter ici des auteurs jusqualors
inconnus du public non russophone, et dont les textes
témoignent, avec beaucoup dunité, de la vivacité et de
loriginalité dune démarche littéraire en cours, au
carrefour de multiples influences quelle semploie à
transcender.
ouvrage
publié avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, de la Ville
de Thonon-les-Bains et de la Caisse dÉpargne.
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