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Peter Härtling

Apprendre le chant des oiseaux / Den Gesang lernen

Poèmes choisis, traduits de l'allemand et présentés par Joël Vincent.
alidades 2017, collection ’Bilingues’, cahier de 12,5 x 21 cm
48 pages, ISBN 978-2-919376-52-0, 5,70 €

Peter Härtling (1933-2017) est né à Chemnitz. Il commence en 1956 une carrière de journaliste et devient rédacteur au "Deutsche Zeitung". Auteur de nombreux romans et de récits destinés aux enfants, il est surtout connu en France pour les livres où il évoque poétiquement, sur le mode de la biographie conjecturale, musiciens et poètes : Schumann, Schubert, Hölderlin, Lenau... Il a reçu de nombreux prix et distinctions, dont le Gerhardt Hauptmann-Preis et le Hölderlin-Preis.

Pour ce qui est de sa poésie, tout en s'inscrivant dans la tradition romantique allemande, Peter Härtling a ressenti combien le monde s'est obscurci. Sa mémoire, chargée du malheur des temps, lui rappelle aussi sans cesse l'abîme d'incertitudes et la part d'inconnu qui sont en nous. Chacun de ses recueils ajoute alors un peu de réalité au monde et témoigne d'une revitalisation du poète. Les mots, lestés de réalité vraie, viennent en s'agrégeant déjouer les pièges de la peur, et fournissent les points d'ancrage à la cohérence intérieure du poète.

 

Extraits :

 

ENTRE MATIN ET SOIR

Ce souffle matinal qui
brouille la fenêtre, mais suffit
à fixer quelques mots:
légers telles des plumes d’oiseaux, destinés
au jour sans la moindre importance:
c’est ainsi que je respire, écris et
grâce à ces mots j’amadoue
le soir: un souffle
suffit.

*

Zwischen Morgen und Abend

Dieser Morgenatem, der
das Fenster trübt, aber er genügt,
ein paar Wörter festzuhalten:
leicht wie Vogelfedern, für
den Tag ohne jedes Gewicht:
so atme und schreibe ich und
gewinne mit diesen Wörtern
den Abend. Ein Atemzug
genügt.

*

DES ANGOISSES COMME DU LICHEN

Des angoisses comme du lichen couvrent l’âme,
des angoisses à te faire trébucher, à te barrer
le chemin, à accompagner en voyage des
passagers qui seraient sans cesse inquiets,
à disséminer des phrases plutôt vulgaires, des
angoisses à te couper le souffle, soudain,
au milieu d’une conversation ou avant de dormir, des
angoisses à croître en ton âme, de quoi l’enrober
et la refermer.

*

Ängste wie Flechten

Ängste überziehen wie Flechten die Seele,
Ängste, die dich stolpern lassen, dir den
Weg abschneiden, als immerfort alarmierte Passagiere
auf Reisen begleiten, die gemeine Sätze ausstreuen,
Ängste, die dir den Atem stocken lassen, sehr plötzlich,
mitten im Gespräch oder vorm Schlaf, Ängste,
die deine Seele zuwaschen, einschließen..


 

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